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26 juillet 2023 3 26 /07 /juillet /2023 20:22

DISCOURS DE LA RÉVOLUTION

 

La Révolution est la convergence des luttes internes en vue d’imposer une nouvelle direction à la nation, en proposant la création de nouvelles institutions, tout en promulguant de nouvelles lois.

Dans l’ensemble, la Révolution vise la rectification des contradictions chroniques, les injustices révoltantes, responsables de la carence institutionnelle aussi bien que la décadence sociale.

Faut-il engendrer une nouvelle Révolution ?

Si la question se pose en Révolution, la réponse doit être obligatoirement révolutionnaire.

En effet, le salut national réside dans la Révolution.

Haïti a déjà connu cinq Révolutions. Celle de 1804 qui a conduit à l’Indépendance; celle de 1806, quand le Général Alexandre Pétion fonda la République de l’ouest, régime dont nous héritons; celle de 1946 qui a initié l’intégration sociale des noirs ; celle de 1956 qui a fini sa course dans le totalitarisme en provoquant l’implosion nationale; celle de 1986 qui garantit la liberté d’expression sans pouvoir imposer la stabilité politique.

Dans mes écrits antérieurs, je dénonce la duplicité de la transition aussi bien que l’ambivalence des élections.

En effet, de 1946 à nos jours, Haïti a connu plus d’une dizaine de gouvernements intérimaires. Puisque ces instances sont perdues dans des tautologies étourdissantes, elles se contentent de tuer le temps, laissant ainsi au destin de décider de nos sorts. 

A priori, le Gouvernement intérimaire a pour mission de s’attaquer au principe qui le produit, en oeuvrant pour la stabilité tout en rectifiant les contradictions institutionnelles.

Dans notre cas, puisque, l’étape rectificative a été vandalisée, on se précipite vers la tenue d’élections, démarche qui exacerbe l’insécurité, l’instabilité, aussi bien que  l’incurie.

Evidemment, nous n’avons pas atteint la maturité politique nécessaire pour entamer une rupture idéologique, une bifurcation institutionnelle pour rompre définitivement avec le cercle vicieux.

Par contre, notre survie dépend uniquement de la Révolution laquelle emprunte l’esquisse d’un passage obligé aussi bien que la prépondérance d’une nécessité historique.

Pour vaincre le cercle vicieux, il faut s’opposer aux pratiques traditionnelles.

La Révolution s’impose dans la mesure qu’il faut entreprendre une rupture radicale avec la tradition infâme, aussi bien que le passé déplorable.

Evidemment, personne n’appuie le pillage, l’incurie, l’insécurité,  l’injustice, l’improductivité, le tâtonnement, la misère.

La Révolution initie un chantier tout en prônant une nouvelle direction, telle que progrès,  développement, production, emploi, décentralisation, intégration superposés aux retombées positives de la modernité.

A ce carrefour vertigineux de l’histoire nationale, il faut statuer sur le bilan de nos acquis, aussi bien que le déficit de nos manquements.

Pour énumérer les acquis révolutionnaires, il faut se situer en 1930. Port-au-Prince comptait un lycée. On ignore la réalité académique de l’arrière-pays quand la nation accusait un taux d’alphabétisation en  dessous de dix pour cent. Pratiquement, les noirs n’étaient pas admis dans certaines institutions comme la fonction publique, l’académie militaire, la faculté médicale. On y tolérait des figurants comme le Général Paul Eugène Magloire qui allait devenir Président, comme le Docteur François Duvalier qui allait remplir aussi cette fonction. C’est à partir de 1951, soit la fin du système d’apartheid, que les noirs commençaient à recevoir des bourses d’études internationales, qu’ils intégraient le secteur public, ainsi que les autres institutions. Rien que pour vous dire qu’un citoyen noir n’était pas autorisé à fréquenter certains endroits s’ils n’étaient pas accompagnés d’un mulâtre. Alors, on disait ‘Gain you mouche lan laite là ».

Notre génération porte les sévices de la Révolution de 1956. François Duvalier, digne héritier de cette Révolution, volant changer la mentalité haïtienne, a détruit Haïti. En instituant une dictature, il a choisi de piètres collaborateurs ; le pillage de la caisse publique était toléré voire encouragé ; il pourchassait impitoyablement ses opposants.

Après trente années de dictature qui a pris fin en 1986, il ne restait plus rien aux pays, ni citoyens ni institution. Son régime a immolé la quintessence de la bourgeoisie noire, pour nous abandonner à la merci de l’actuelle vermine.

Aujourd’hui, nous sommes confrontés à cette réalité à savoir si l’Haïtien est un être humain ou une bête sauvage?

Je dois vous faire remarquer que malgré mes exceptionnels travaux sur la problématique nationale, je ne cours pas le monde sous le titre d’expert en affaires haïtiennes. Je m’éloigne le plus que possible de la table de négociations pour éviter de capitaliser involontairement sur la cause commune.

A mon avis, certains savoirs sont sacrés. Il est préférable pour leur tenant de finir dans la pauvreté que de connaitre l’opulence.

Pour conclure, l’histoire témoigne que les transitions politiques haïtiennes n’affichent pas la prétention de s’attaquer aux facteurs toxiques qui génèrent le trouble et l’instabilité. Les Transitions débouchent plutôt sur des élections déconcertantes.

En 1950, seulement à mi-mandat, le Président Dumarsais Estimé convoitait un second mandat.

En cette même année, Président dans un premier temps de la junte militaire qui assurait la période intérimaire, Paul Eugène Magloire était l’unique candidat au suffrage organisé par la suite par l’Armée haïtienne.

En 1957, victorieux de l’élection organisée par l’institution militaire, deux ans avant la fin de son premier mandat, soit en 1961, François Duvalier organisa une nouvelle élection, à laquelle un seul candidat était admis, afin de s’octroyer un second. Finalement, en 1964, avant la fin de son second mandat, à l’instar du Général Alexandre Pétion, le dictateur se décerna la présidence à vie.

Comme vous l’avez constaté, les difficultés résident au niveau des Pouvoirs exécutif et législatif.

Puisque nous avons un problème systémique, il faut recourir à d’autres fondamentaux pour rectifier nos tares institutionnelles.

En d’autres termes, la crise institutionnelle peut être résolue par l’adoption d’une nouvelle chartre nationale.

Dans l’ensemble, c’est pour la première foi dans notre histoire que les militants disposent d’une marche à suivre, incluant, réforme, feuille de route, manifeste soutenues par de savantes propositions de sortie de crise.

Il faut reprendre le mouvement  « table rase »  là où on l’a laissé en 2019, en gardant en esprit l’agenda suivant, à savoir : Édification d’un Nouvel état, Intronisation d’une réforme générale, Émergence d’une nouvelle élite politique.

Les citoyens doivent manifester en faveur d’un Gouvernement Parallèle lequel sera appelé à lancer le chantier révolutionnaire.

La situation nationale peut se redresser en vingt et un jours, si on tient compte de mon postulat, en l’occurrence, l’Alternative historique.

 

Rony Blain

Auteur du Guide de la réforme haïtienne

Initiateur de la Nouvelle opposition nationale

Coordinateur de la Plateforme populaire pour le progrès

New York, le 17 juillet 2023

blainrony@yahoo.com

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