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7 avril 2023 5 07 /04 /avril /2023 04:02

DISCOURS POLITIQUE No 13

 

 

Je suis incapable de ne pas réagir face aux circonstances actuelles, quand l’insécurité déloge de paisibles citoyens qui ont mis une vie, si ce n’est plusieurs, en tenant compte des propriétés héritées sur plusieurs générations pour s’établir dans le confort.

 

Malgré ces cris et ces souffrances, je n’arrive pas à trancher ni établir une position certaine.

 

Cette chasse à l’homme, s’il faut l’appeler ainsi,  est lancée depuis plus d’un demi siècle. Elle change de masque, de costume suivant l’époque, de nom, de physionomie suivant le règne.

 

On a détruit le Centre-ville. Personne n’a réagi! On a incendié les bas quartiers. Personne n’a dit mot. Aujourd’hui est venu le tour des beaux quartiers. Nous avons obtenu la réponse universelle, celle de se contenter de constater les dégâts.

 

Quand on démolissait le Centre-ville, certains ont construit dans les hauteurs. Quand est venu le tour des villas en montagne, les parties lésées investissent à l’étranger.

 

Les actuels privilèges sont édifiés sur les ruines anciennes.

 

Les magasins fermés du Centre-ville n’ont pas pu se relocaliser. Ils ont simplement disparu de la Grand-rue. Il est question de plus de trois mille entreprises, qui payaient l’impôt, qui offraient des services, qui garantissaient l’emploi, qui dépannaient les particuliers, qui agrémentaient l’espace. Il s’agit de l’âme de la ville que des générations ont pris soin d’allaiter mais qu’on a vu disparaître en un jour.

 

Haïti est privée d’élite, je parle d’une tendance progressiste que nourrit un groupe d’hommes sur des générations d’efforts, de sacrifices, astuces qui les ont permis de gravir le trône des privilèges mérités. L’élitisme, quand il est bien prononcé et bien écrit est l’unique désignation de notre langue qui ne se laisse pas accompagner d’un adjoint, parce qu’il est utilisé dans son sens absolu. Ainsi, une société qui souffre de carence élitiste vit sous les menaces de la foule.

 

En effet, Haïti noie sous une dictature prolétarienne. Nos institutions les plus nobles sont factices, dans la mesure qu’elles ne répondent pas à la mission, celle d’encadrer de nobles citoyens.

 

Cet à quoi nous attribuons l’insécurité serait plus profond et plus subtil.

 

Nous avons un problème de classe, d’identité, de valeurs. Finalement, ces carences engendrent des citoyens penchés comme de faux jetons qui compensent les ambitions personnelles par la ruine collective.

 

Pour gravir, l’Haïtien se contente d’abaisser son vis-à-vis, jusqu’à le faire disparaître. Ainsi, sans compétition ni compétiteur, il se voit admis en première loge de la trahison.

 

Serait-ce la raison pour laquelle, chez nous tout est médiocre, puant, crasseux, ténébreux ?

 

Pour avoir investi notre temps et nos efforts dans cet ouvrage sanguinaire, cette lutte intestine, on oublie que les autres peuples nous devancent sur le sentier de la modernité.

 

C’est dans cette optique que le banditisme affecte les hauteurs de la Capitale dans l’indifférence, l’impunité, l’irresponsabilité. On dirait même qu’on les a convoqué pour pouvoir profaner ces lieux où  l’on respire le sacré.

 

La solution nationale réside dans le changement politique, qui par son imprévisibilité entraîne à coup sûr une perte de privilèges.

 

Sous sa constitution sociologique, le banditisme s’assimile à la résistance au changement, au mépris du progrès, à la complaisance au désordre, au recel de la criminalité.

 

Malgré les fissures, les cassures, les amputations, les déceptions, le grand séisme n’a pas pu changer Haïti. Le banditisme pourra-t-il changer l’Haïtien ?

 

En souhaitant mille malheurs aux bandits, on n’est pas conscient qu’on ne salut pas le voisin immédiat. Qu’on fait souvent semblance de ne pas voir un ami en difficulté quand on se laisse emporter par le vertige du succès.

 

Tout rentrera dans l’ordre quand l’Haïtien acceptera de contresigner le Pacte du progrès et du développement.

 

A l’heure actuelle, l’expertise haïtienne a échoué, dans la mesure qu’elle n’a pas pu déférer une proposition de sortie de crise altière. Elle se contente de parapher des protocoles d’accords paraplégiques.

 

Qui aurait cru que Emilie Prophète, ange de l’écriture, Ariel Henry, mécène de la vie, Rosemond Pradel, aumônier de la sainte opposition auraient du cœur à crocher un tel cadavre, les dépouilles de la patrie.

 

En évaluant judicieusement les faits, j’atteste que l’Haïtien porte en son sein sacré le venin du banditisme, le philtre  de son malheur. On trouvera une solution à cette endémie que lorsque la  question sera légalement posée, l’affaire judicieusement entendue.

 

En vérité, c’est que dans chaque Haïtien, il y a un cochon qui veille, un serpent qui épie, un renard qui guette, enfin l’abominable qui attend patiemment le moment opportun pour égorger sa proie.

 

Certaines personnalités haïtiennes croient que la solution nationale émane de leur présence aux affaires, sans être en mesure d’envisager le contraire. Il s’agit d’une forme de narcissisme politique dont souffre une infinité de nos concitoyens.

 

En 1986, nous avons entamé une rupture avec le banditisme d’état. Aujourd’hui, pourquoi sommes-nous plongés dans cette situation navrante ?

 

Comme nous avons les ronces des embûches à abattre, nous avons aussi les lauriers de nos promesses à cueillir.

 

Puisqu’à l’heure actuelle il est difficile de décanter le vrai du faux, pour mettre chaque citoyen face à ses responsabilités, je dirais que ceux qui n’appuient pas notre alternative appuient le banditisme.

 

Rony Blain

 

Initiateur de la Nouvelle opposition nationale

Auteur du guide de la réforme haïtienne

New York, le 4 avril 2023

blainrony@yahoo.com

 

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